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décembre 15, 2016 - Commentaires fermés sur DUBLIN… tournage

DUBLIN… tournage

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Aujourd’hui il n’y a pas question de réfugiés : il y a des gens qui ont bien voulu participer au projet et qui veulent bien être figurants, comédiens, traducteurs, clapman le temps d’un week-end…  J’appréhendais l’enthousiasme qui s’évanouit quand il faut se lever à 6h du mat pour faire partie de l’aventure… mais tout le monde est présent et tout le monde est à l’heure!

Le tournage se passe à merveille. Les comédiens qui n’ont jamais tourné de leur vie sont plus que pro : attentifs, réguliers, toujours dans leurs marques… Gholam, le père de famille qui joue le rôle principal, est d’un naturel déroutant : on dirait qu’il a fait ça toute sa vie ! Tout le monde met la main à la pâte : l’équipe technique s’agrandit avec des clapmen qui en profitent pour réviser leurs chiffres en français et des électros-décorateurs qui ont le sens du travail en équipe !

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Hors du plateau, les neuchâtelois et les résidents des centres se rencontrent. C’est Babel ! Ca parle avec des mots anglais, allemands, italiens, farsi, français et ça bouge beaucoup, (beaucoup !) les mains pour communiquer. Ca parle souvent de leurs différents chemins pour arriver jusqu’à nous. A travers les détails de leurs récits, des détails parfois minuscules, les exactions qu’ils ont fuies et dont on parle à la télévision entrent enfin dans notre réalité… Oui, c’est réel. Oui, on peut à notre échelle, faire quelque chose…

Mais avant tout, il faut déjà essayer de rentrer tous nos plans dans la journée. Et les «Silence ! (on tourne) »  frustrent beaucoup tout ce petit monde, surtout quand j’oublie de leur dire en fin de prise qu’ils peuvent tranquillement reprendre leurs conversations…

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Dimanche. Fin de tournage. Tout s’est bien passé. Dirk, qui s’occupe de la production, me demande d’expliquer aux figurants neuchâtelois qui viennent d’arriver pour le dernier plan pourquoi je fais ce film. Tout le monde est là. Je me retrouve à improviser un discours sur le sens de toute cette aventure devant toutes les personnes qui ont permis à ce film d’exister et c’est là que, la fatigue et le soulagement de la fin de tournage aidant : je craque ! Je craque parce que c’est beau. C’est beau tous ces gens qui se rencontrent, qui se parlent, qui changent leur regard sur les réfugiés. D’une simple idée on a réussi tous ensemble à construire quelque chose de beau. Et ce sans aucune aide financière. Juste parce que les gens ont été d’accord quand on leur a demandé un peu de temps, un peu de matériel, un peu de leur image pour raconter cette histoire. Tous nous ont fait confiance. Et ça c’est le plus beau des cadeaux de Noël…

A nous maintenant, de leur montrer que ça en valait la peine…

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Un immense merci à Renaud de Collogny alias Reno Photography d’avoir immortalisé avec talent ces magnifiques souvenirs!

novembre 11, 2016 - Commentaires fermés sur DUBLIN… premiers pas…

DUBLIN… premiers pas…

Si 2016 a été personnellement une année pleine d’activités cinématographiques et créatives avec la sortie de Nettoyeurs de Guerre, la réalisation et l’inauguration du Tramoscope ou encore la création de la structure de production Les Regardiens, 2016 aura surtout été une année pleine de mauvaises nouvelles pour le monde, où il nous a semblé plus perdre que gagner à grandir… On a soudain pris conscience que l’humanité est faite de périodes fastes et paisibles et de périodes déstabilisantes qui provoquent la peur et le repli sur soi, libèrent des démons que l’on pensait enfermés dans les livres d’histoire…  Nous ne savions pas que nous étions en haut de la vague… Il va maintenant falloir apprendre à surfer pour ne pas se laisser noyer dans la descente, mais au contraire en tirer le maximum d’énergie constructive!

Jolie théorie… Mais en pratique? En pratique, avant de boire la tasse, j’ai eu envie de partir rencontrer ceux qui échouent depuis quelques temps par milliers sur nos côtes, non par choix, mais par survie… J’ai eu envie d’entendre de leur propres voix leurs récits, leurs projets, leurs colères aussi. Non juste pour témoigner de leur situation, mais pour bien réaliser ce qui est entrain de leur/nous tomber dessus… et pour tenter ensemble de contrecarrer à notre échelle les raccourcis faciles et les amalgames bienpensants à ce sujet…  J’avais envie de faire un projet avec eux, de leur donner une raison de rencontrer les Suisses du coin (et pourquoi pas d’autres gens ailleurs), avec un autre regard que celui de «migrant ».

Mot ô combien terrible par ce qu’il sous-entend. En étant migrant, on est seul responsable de son départ, de la réussite de son exil choisi. On est comme un étudiant qui part faire ses études à l’étranger, ou un travailleur qui émigre parce qu’il a une opportunité professionnelle dans un autre pays. Ce mot inclut la notion de choix  et d’opportunité, et exclu toute notion de fuite. Ce qui est à l’opposé de la plupart des situations vécues par les milliers de réfugiés qui arrivent actuellement à nos frontières et qui fuient guerres, obscurantismes, dictatures.

Mais comme il est plus facile intellectuellement de refouler des gens qui tentent leur chance plutôt que des gens qui fuient un danger… on parle de migrants…

En parallèle de ces réflexions, le concours de films du courgemétrage qui a lieu annuellement dans le canton de Neuchâtel et dont le principe est de donner aux équipes inscrites le même lieu de tournage, proposait cette année le décor du home bâlois. Une vieille maison belle époque de camp d’été. Une maison vide, dans laquelle je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas de réfugiés…  (bon, suite à deux jours de tournage, on comprend que le bâtiment est bien trop vétuste pour accueillir plusieurs personnes dans des conditions viables). Mais l’idée a fait son chemin et j’ai décidé d’en profiter pour réaliser mon projet dans ce cadre.

La projection du film lors de la soirée du festival serait l’occasion d’intégrer les réfugiés dans un projet typiquement neuchâtelois et de parler aux jeunes de la région de la situation des « migrants » qu’ils croisent quotidiennement à la gare. Une belle opportunité également de faire se rencontrer tout ce petit monde grâce au Cinéma…

En novembre 2016, j’ai donc inscrit Les Regardiens au courgemétrage et j’ai contacté le service des migrations…